2024
Les victimes des bombardements (juin 1940)
Le bombardement de Gonesse, le 03 juin 1940
Témoignages

" Le 3 juin 1940 était un lundi, temps splendide pas un nuage dans le ciel, la matinée se passe comme à l’accoutumée dans les classes. A 13h c’est la leçon de chant dans la classe des grands ; La maitresse de chant s’évertue à nous faire chanter La Marseillaise, le chant du départ ou autres chants guerriers très à la mode cette année-là. Bon arrêtez il y en a qui chantent faux ! c’est la sirène qu’on entend. Déjà les petites classes gagnent l’abri. Les avions sont au-dessus de nous lorsque nous nous dirigeons vers la tranchée. J’ai oublié mon masque à gaz à la maison, une course rapide et je rejoins les autres. Ma sœur préfère rester dans la cave avec ma mère. Au moment où j’entre dans la tranchée, un souffle puissant nous précipite en bas de l’escalier, en même temps une explosion épouvantable nous rend sourds un bon moment pendant qu’un nuage de poussière blanche envahit la tranchée. La sirène nous prévient qu’il n’y a plus de danger. Nous sortons, quel spectacle ! L’école Claret est quasiment complètement détruite. Une autre bombe est tombée 50 mètres plus loin détruisant un pâté de maison ; l’hôpital est touché, un pavillon est entièrement détruit, il y aura 19 morts ".

Adrien THERY, le directeur de l’école de garçons, père de Roger
Roger THERY



Les dégâts causés par le bombardement du 3 juin 1940 sur l’école de garçons de la rue Claret.
Aujourd’hui à son emplacement se trouve l’école Adrien Théry
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)
" J’avais 13 ans en 1940. Le 3 juin 1940 à 13h20, Mademoiselle CHOMET nous faisait chanter et d’un seul coup, la sirène s’est mise à sonner. Monsieur THÉRY nous a emmené avec nos masques à gaz dans les tranchées-abris, j’étais un des derniers à rentrer. Il nous a tous sauvés, il n’y a eu aucun enfant mort grâce à lui ! Au début, il a cherché à nous rassurer en affirmant qu’il ne s’agissait pas d’une bombe mais d’un obus de DCA. Mais c’était bien une bombe, un stuka avec deux projectiles de chaque côté de l’aile. La première bombe est tombée sur l’école, la deuxième chez CHAMBRETTE (rue Claret). Pour l’aile gauche une bombe est tombée à l’hôpital et l’autre chez ALRIC, à côté du coiffeur. La bombe est tombée juste à côté de Raymond Leroux. "


Raymond LEROUX
André BERNARD

" Je suis née à Gonesse, j’avais onze ans en 1940 et j’étais à l’école des filles rue Neuve (Furmanek aujourd’hui). La ville avait dressé la liste des abris, et en cas de bombardement nous devions aller à la mairie principale. Un beau jour, le 3 juin 1940, nous étions à l’école, c’était un lundi, nous faisions une dictée et la sirène a retenti. Nous nous sommes dit chouette nous avons échappé à la dictée ! et puis nous sommes partis à l’abri, une tranchée qui était à la place de la salle du conseil municipal. Nous sommes rentrés dedans alors là ça claquait. C’est à ce moment qu’il y a eu le bombardement sur Gonesse. Plus tard j’ai ramassé un petit bout de vitrail de l’église par terre ".
Lucienne TILLET




Les dégâts causés par le bombardement de l’hôpital le 3 juin 1940
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)
Le bombardement d’Orléans, 16 juin 1940
Liste des Gonessiens morts pendant leur exode
LANGLAIS Charles Joseph (né le 30/09/1933 à Gonesse)
LANGLAIS Jacques (né le 26/11/1931 à Gonesse)
LANGLAIS Roger Marcel André (né le 25/07/1926 à Gonesse)
RAINGEVAL Louis Eugène (né le 05/04/1905 à Heudicourt)
TASSIER Louis Robert (né le 01/05/1929 à Gonesse)
TASSIER Louisette (née le 01/02/1927 à Gonesse)
THERY Léa Angèle (née le 22/03/1921 à Gonesse)
THERY Marguerite épouse LANGLAIS (née le 19/09/1904 à Heudicourt)
Gonessien.ne.s victimes du bombardement d'Orléans
16 juin 1940



Les morts civils d'Orléans
Crédits : © ECPA. D


Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)
La défense passive (DP)
C’est une organisation mise en place par le Gouvernement à partir de 1936. Cette dernière a pour objectif de protéger les populations civiles contre les attaques aériennes sur l’ensemble du territoire français. Pour parvenir à cela et bien que le risque zéro ne peut exister, de nombreuses mesures préventives et de nombreux protocoles à adopter en cas d’alerte voient le jour.
Procédure en cas d’attaque aérienne >
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)




Plan des abris à se retrancher en cas d'attaque : Gendarmerie, rue de l'hôtel de ville et rue de Villepinte
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)



Masque à gaz avec son filtre à charbon, son étui pour le ranger et sa notice d'utilisation
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)
La Persécution des juifs à Gonesse
En France, une série de textes est publiée dès l’été 1940 sur le statut, le recensement et la répression des personnes de confession juive. Seuls quatre Gonessiens de naissance ont été arrêtés et déportés.
Famille ROZENCWAJC :
La famille ROZENCWAJC était domiciliée à Arnouville, deux de leurs enfants sont nés à Gonesse Frida Eugénie en 1933 et Hélène en 1934. La mère et ses enfants se trouvent à Paris au moment de la Rafle du Veld’Hiv en juillet 1942. Ils sont arrêtés, internés à Pithiviers puis à Drancy et déportés à Auschwitz où ils sont gazés le 22/08/1942. Le père avait été arrêté au préalable et est aussi décédé dans les camps.
Alliah SEBBAH :
Elle est née à Gonesse en 1940 alors que ses parents vivaient à Blanc Mesnil. Alliah est placée par les services sociaux de Blanc Mesnil avec 2 de ses frères dans un orphelinat à La Varenne Saint Hilaire (94), les autres enfants à Brunoy (95). Le 22 juillet 1944 une rafle emmène 24 enfants et 6 membres du personnel de l’orphelinat. Les deux frères d’Alliah sont sauvés par des voisins. La petite fille de moins de 4 ans est internée à Drancy et déportée à Auschwitz ,dans l’un des derniers convois, où elle est gazée le 05/08/1944.
Julie LEVY :
Elle est née chez ses parents au 51 rue de Paris à Gonesse en 1875. Adulte elle va vivre à Nice. Elle y est arrêtée à son domicile le 20/11/1943. Internée à Drancy puis déportée à Auschwitz, elle y est exécutée le 01/12/1943.

Madame ROZENCWAJC et ses enfants Frida et Hélène (à droite)
Crédits : © Mémorial de la Shoah

Plaque commémorative 1939-1945 du centre Hillel à Saint Maur des Fossés où figure le nom d’Alliah SEBBAH
Crédits : © Droits réservés


Julie LEVY, photographie et sa fiche remplie à Drancy
Crédits : © Mémorial de la Shoah
Le Service du Travail Obligatoire à Gonesse
L’affaire Franck MARTINEAU, le 15 juillet 1943
Le 15 juillet 1943, alors qu’il se rend chez lui pour déjeuner, le commissaire de police de Gonesse, Franck Martineau est exécuté par des Résistants. On lui reproche son trop grand zèle dans le recrutement pour le S.T.O. et la chasse aux réfractaires. Une enquête minutieuse est menée par la police politique de Vichy, par le commissaire Vilchien. Dans son rapport d’enquête très détaillé datant du 2 août 1943 il écrit :
" De ce qui précède, il résulte à n’en pas douter que M. MARTINEAU a bien été victime des agissements d’une organisation terroriste. D’ailleurs, les douilles du pistolet automatique 7/65 de la marque Remington trouvées sur les lieux de l’attentat sont là pour en renforcer l’hypothèse. En effet, ce sont ces munitions dont se servent en partie les terroristes pour commettre leurs attentats.
M. MARTINEAU, d’un tempérament maladif, d’après certains renseignements recueillis auprès de personnes dignes de foi, apportait une certaine dureté dans l’exercice de ses fonctions. C’est pourquoi, M. FAGLIN, Maire de Gonesse (P.V.N° 19.181/30), ému des plaintes d’habitants de sa commune, était intervenu récemment auprès de lui, à titre tout à fait amical, pour lui demander d’apporter un peu plus de souplesse dans l’application des directives qui lui étaient données, notamment en ce qui concerne le recensement des jeunes gens pour le travail obligatoire et la recherche des réfractaires.
D’autre part, la région de Gonesse comportait, avant les hostilités, un assez grand nombre de Communistes et il semble certain que l’un d’eux, lui reprochant sa politique de collaboration, l’ait désigné à un groupe d’illégaux en vue de le faire exécuter.
M. MARTINEAU était également membre délégué du Secrétariat Général pour l’Information et à la Propagande pour le canton de Gonesse, depuis le 25 mars 1942 (carte de délégué n°175), toutefois je ne crois pas que cette qualité était connue des habitants de la région ".
"J'ai été arrêté le 28/06/1943 par la police française, par Ernest ROLLAND, l’adjoint du commissaire de police MARTINEAU, à la distribution de cartes d'alimentation. Je suis parti du commissariat de Gonesse pour Versailles où j'ai été enfermé 3 jours. Le 02/07/1943 je suis parti dans un wagon gardé et enfermé par la Gestapo "direction inconnue". Ma direction fut le camps de Lager Odin à Karlsruhe Durllach (Baden) ".
André RANNOU


Carte postale écrite par André RANNOU à sa mère pendant son S.T.O. en Allemagne
Crédits : © Archives et patrimoine de Gonesse (2024)
" Il y a eu des rafles au cinéma de Gonesse. Tous les jeunes âgés de plus de 18 ans, qui n’avaient pas leurs papiers étaient embarqués en Allemagne. En fait, les Allemands étaient sur le Front russe et manquaient de main-d’œuvre. Ils ramenaient donc les jeunes Français en Allemagne pour travailler à leur place. "

André BERNARD

Reconstitution de l’entrée du cinéma de Gonesse pendant les années d’occupation
Crédits : © Ludovic Muller et Séverine Lemire (2024)


Photographies prisent lors de la reconstitution de l’attentat contre le commissaire MARTINEAU faite par la police
Crédits : © Archives Nationales

Louis RACHINEL, un des tireurs sur le commissaire MARTINEAU, identifié
Crédits : Droits réservés


Photographie du torse de Franck MARTINEAU criblé de balles reprise pour l'affiche de propagande dite "L'Affiche rouge"
Crédits : © Archives Nationales, droits réservés