2024
La Libération de Gonesse
Lors de la Libération de la ville les Allemands qui occupaient le secteur n’étaient pas épuisés par le conflit et occupaient des positions de force autour de Gonesse, Villiers le Bel et Arnouville comme les forts de Stains et d’Ecouen, ils avaient aussi des postes dans les lieux stratégiques. Le 19 août à La Patte d’Oie de Gonesse 4 résistants sont exécutés après avoir été emmenés de Blanc Mesnil par les troupes Allemandes, où ils avaient été faits prisonniers. Le 24/08/1944 au lieu dit Les Roses Noires 4 résistants ont été tués 3 sur le coup et un quelques heures plus tard au château Frapart (Hôtel de Ville) où il avait été emmené par les Allemands.
Témoignages
" Je suis chirurgien à l’hôpital de Gonesse depuis 1925. Le samedi 26 aout 1944, j’ai reçu un gaillard qui revient de loin, vêtements souillés et un peu déchirés, essoufflé. Il me demande un pansement. Il était avec 3 autres camarades et une femme dans deux voitures automobiles, venant de Nancy et furent arrêtés, alors qu’il se dirigeaient sur Paris à 200 m au-dessus de la Patte d’Oie, par une patrouille allemande. Trouvés porteurs d’armes,les Allemands les firent monter en voiture et entre La Patte d’Oie et Vaud’herland descendre et s’engager dans un chemin de terre conduisant dans le Val du Thillay. Là à coups de révolver, ils abattirent la file des 5 personnes marchant à la queue leu leu. Notre homme qui était le 4e dans la file est manqué, il est juste blessé au cou mais fait le mort. La patrouille s’en va et au bout d’une vingtaine de minutes il a filé à travers champs et est arrivé à l’hôpital ".
Henri CARDOT
" le 25 août 1944 18h15 nous avons constaté route de Flandres, lieu-dit "Les Roses Noires" les décès paraissant remonter au 24 aout les corps de 3 hommes Marcel COOK, Robert JEANGIRARD, Louis DELESCHAUX et Guillerme GUERA, André GUERRE, Philippe CHEMALIN ou Georges COUIX (sans certitude de sa véritable identité) et le celui d'un individu de sexe féminin. "
Joseph LE HIR,
sous brigadier au commissariat de Gonesse
Raymond CHEVALIER
L’une des victimes de La Libération de Gonesse
Les Allemands ont particulièrement résisté autour du quartier de la gare. Ils ont fait exploser le Pont entre les quartiers de La Garenne et celui des Marronniers le 28 août 1944 au matin, faisant des dégâts matériels et une victime parmi les Gonessiens. En voici deux témoignages :
" J’habitais près du pont de la Gare, j’étais voisin de Raymond CHEVALIER. Le 27 août 1944, vers 20h, les Allemands ont ordonné d’évacuer le quartier. Je me suis rendu chez des amis et je suis aller chercher Mme CHEVALIER et l’ai prié de venir avec nous, ce qu’elle a fait, son mari n’était pas là. Le matin quelques instants avant l’explosion, alors que je rodais dans les environs, j’ai aperçu CHEVALIER à la fenêtre de son domicile et je l’ai salué. Une fois l’explosion passée je me suis rendu près du pont. A 10mn environ il y avait une flaque de sang ".
Marcel BRUNET
" Mon mari Raymond CHEVALIER a été tué lorsque les Allemands, au cours de leur retraite, ont fait sauter le pont de Gonesse, sur la ligne de chemin de fer de Paris à Creil. La Veille le 27/08/1944 vers 21h les Allemands avaient donné l’ordre d’évacuer les environs de ce pont vu qu’ils allaient le faire sauter. Comme notre habitation se trouvait à proximité (2 avenue des Myosotis, je me suis rendue chez des amis. Quant à mon mari, je ne l’avais pas vu depuis 16h ce même jour. Il ne m’avait pas dit où il allait et comme le pont a sauté le 28 août vers 6h45 je ne sais pas où il a passé la nuit. On est venu me prévenir une demie heure après l’explosion qu’il avait été tué par la déflagration et quand je l’ai vu son corps se trouvait près de l’immeuble où nous habitions, le docteur Cornu a constaté le décès. " Son corps avait été ramené par Monsieur Marcel MOUTET (14 avenue des Jasmins) et Monsieur Emile MORVAN (8 avenue des Jasmins). M. MOUTET a appris plus tard à la fille de Raymond et Paulette CHEVALIER, Micheline, que son père était parti pour déminer le pont et qu’il avait été tué à ce moment. Il s’agissait d’un acte de bravoure si ce n’est de Résistance.

Raymond CHEVALIER
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)
Mme CHEVALIER Paulette
née AUGUSTE

Photographie de la famille Raymond CHEVALIER : de gauche à droite sa fille Micheline, ses nièces, sa femme Paulette et sa belle sœur
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)

L’un des certificats de travail de Raymond CHEVALIER rédigé en allemand
Crédits : © droits réservés

L’une des pièces du dossier de Raymond CHEVALIER au service historique de la défense à Caen
Crédits : © droits réservés
La Libération de Gonesse
Autres témoignages
" Dimanche 27 août vers 15h, alors que j’étais dans le jardin, trois obus de petit calibre tombent, le premier dans le parc de Saintville (Commanderie) et n’éclate pas, le second fait un trou dans le mur qui prolonge le vieil hospice (hôtel Dieu de 1208) vers la rue P. De Theilley (Bernard Février aujourd’hui) et il pète sec. Le troisième tape dans le grenier des voisins LEBRUN. Ma femme et les enfants tombent dans la tranchée que j’ai fait établir dans le jardin CHAMBRETTTE près du puits. D’autres obus suivent, deux chez MONMIREL (Maison Saint Christophe) et plus près rue de Paris.
Henri CARDOT
Dimanche 27 août 16h30, Les Allemands prennent onze otages dans la manoir d’Orgemont; parmi ceux-ci le fermier FREMIN, le Dr BAUDSON,,, et une affiche municipale fait savoir que la moindre manifestation hostile contre la Wehrmacht déclenchera la fusillade des otages. Les Allemands s’en vont… mais sont remplacés immédiatement par des arrières gardes venus dont on ne sait où. Le lundi les nouveaux arrivés relâchent les otages ils ont eu chaud!
Lundi 28 août la rage de nos artilleurs libérateurs se calme ; il est 2h du matin. Des mitrailleuses claquent du côté d’Arnouville, c’est l’attaque. Au petit jour la famille sort de l’abris er réintègre la maison. Les éclats d’obus ont perforé les volets de fer là où ils étaient fermés, brisé les vitres, crevé et criblé murs et plafonds. On apprend que des Allemands se sont accrochés au parc du château d’Arnouville et que les troupes de la division Leclerc ont du mal à progresser dans le val qui sépare le fort de Stains de la ligne de chemin de fer de Villiers le Bel mais que par Bonneuil ils arrivent à Gonesse. Joie Grande excitation et la ville pavoise. A 14h30 une sinistre nouvelle éclate : Les Boches arrivent… Les drapeaux rentrent à toute vitesse. 15h Quelques rafales de mitraillettes contre la gendarmerie, une patrouille boche est venue tâter les abords de Gonesse; les FFI ont riposté. De nouveaux les Obus tombent… L’hôpital a encaissé de nombreux coups directs ".
" J’étais dans la deuxième DB car je voulais être soldat et que je savais conduire. A l’époque seul 10% de personnes avaient leur permis. Après avoir donné un coup de main aux polonais de la 1ère division à Falaise on nous a dit route sur Paris par la banlieue sud. Nous sommes arrivés à Paris le 24 aout 1944 au soir par la Porte d’Orléans. Nous avons sorti les Boches du Sénat et du Luxembourg puis de l’école militaire. Puis nous avons fait route vers le Bourget en passant par la Porte de la Villette, Pantin, La Courneuve, Aubervilliers, Le Blanc-Mesnil, Aulnay. Après nous avons continués jusqu’à la Patte d’Oie de Gonesse. J’étais le premier français libre à Gonesse. Nous nous sommes arrêtés à La Patte d’Oie, le 12e cuirassiers où se trouvait mon beau-frère l’avait libérée ainsi que la ville. Je m’en souviens encore … il y avait beaucoup de monde sur la place de la Liberté (place du 8 mai 1945 auj.) et j’y est retrouvé ma famille. "



Raymond LEROUX
Raymond LEROUX avec la 2e DB à Paris et en Allemagne
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)
La Libération de Gonesse en images

Scène de liesse rue de Paris lors de la Libération de Gonesse
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)

Soldats américain en Jeep devant la gare de Villiers-le-Bel Gonesse Arnouville en août 1944
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)


Charles Aimé BORDIN au 14 avenue des Roses
(Pierre Brossolette aujourd’hui)
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)


Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)
Et après...les plaies à penser

Affiche municipale des obsèques officielles de
Jean CAMUS, Albert DROUHOT, Louis FURMANEK et Pierre LORGNET
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)


La tombe de Louis FURMANEK, Pierre LORGNET et Jean CAMUS au cimetière de Gonesse. Elle a été réalisée grâce aux dons des Gonessiens
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)