2024
Les troupes allemandes entrent dans Gonesse
Elles y arrivent par la Patte d’Oie et neutralisent tous les accès à la ville. Les Allemands occupent différents lieux un peu partout en ville, notamment le château Frapart, qui deviendra l’hôtel-de-ville après guerre.
Ils vont même jusqu’à installer un poste d’observation dans le clocher de l’église, endommageant ainsi durablement l’édifice.

Entrée des troupes allemandes à la Patte d’Oie à Gonesse
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)

À 3 km au nord de Survilliers, à la limite du département du Val d’Oise sur la Nationale 17
Crédits : © J.B

À La Patte d’Oie de Gonesse. Pour ce soldat français la guerre est finie
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À La Patte d’Oie de Gonesse. Un barrage sur la Nationale 17. Les soldats français se rendent à l’ennemi
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Sur la Nationale 17, l’Armée allemande victorieuse approche de Paris
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Un poste avancé allemand à l’entrée de Gonesse
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)

Le poste d’observation installé par les Allemands sur le clocher de l’église
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)

Cimetière de Gonesse, monument construit par les Allemands sous l’occupation, commémorant aussi une bataille de 1870
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)
Gonesse sous l’occupation
Deux faits divers vont défrayer la chronique gonessienne dans les débuts de la période d’occupation.
Le premier a fait de la pauvre Madame RIOCREUX une victime collatérale et malheureuse d’une fusillade. Elle s’est trouvée au mauvais endroit au mauvais moment.
Le second concerne un commerçant, Monsieur DEBRIXE, vendeur d’horlogerie et de cycles qui fut fusillé par les Allemands auxquels il avait refusé de donner des vélos.
En ce qui à trait à la vie quotidienne, les habitants de Gonesse se débrouillent comme ils peuvent. Ils ont cependant la chance d’habiter une ville à la fois proche de Paris et à la campagne. Le marché noir et les profiteurs existent, mais les légumes, autres que les topinambours et les rutabagas, peuvent se trouver facilement.
L’affaire RIOCREUX, le 14 juin 1940
Lorsque les Allemands arrivent sur le territoire de Gonesse, ils font des victimes civiles. Le 14/06/1940 Mme RIOCREUX née DAMGE Lisa Louise se trouvait sur la RN 2 (RD 902) à proximité de la Patte d’Oie dans une automobile quand elle a été prise dans une fusillade. D’après les témoins dont la propriétaire de l’hôtel restaurant de la Patte d’Oie, elle avait de nombreuses blessures dont les yeux crevés. Son corps n’a été trouvé que le 20 juin par les autorités Gonessiennes et elle a été inhumée dans le cimetière de la commune. Son mari n’ayant pas de nouvelles fait de nombreuses démarches auprès de la mairie pour en savoir plus.

Carte de visite des RIOCREUX et morceaux de vêtements que madame portait le jour de la fusillade
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)

Lettre de Monsieur RIOCREUX réclamant le corps de sa femme
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Acte de décès de Mme RIOCREUX
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)
L’affaire DEBRIXE-DEBUE, le 15 juin 1940

Reconstitution de la devanture du commerce de M. DEBRIXE
Crédits : © Ludovic Muller

" Je me trouvais dans l’atelier de matelassier-tapissier de mon père, rue de l’hôtel de ville (rue du Général Leclerc aujourd’hui) à une quarantaine de mètres de la rue de Paris lorsque mon attention fut attirée par le son des mitraillettes. Je suis sorti pour voir ce qu’il se passait. Lorsque je suis arrivé j’ai assisté au ramassage du corps criblé de balles de Camille DEBRIXE dit DEBUE. Il venait d’être abattu par des soldats allemands devant le portail de la ferme Saint Christophe. Son corps a été déposé dans une caisse. J’appris que Monsieur DEBRIXE, horloger, bijoutier, marchand de vélos à l’angle de la rue de Paris et de l’impasse du Châtel, s’était opposé à la réquisition de ses vélos par des soldats allemands. Après une violente altercation, il avait saisi un revolver, puis prenant conscience de son geste, il se mit à courir en direction de la ferme Saint Christophe. Malheureusement le portail était fermé et les Allemands l’abattirent d’une rafale de mitraillette dont les impacts de balles sont encore visibles "
Roger LEMAIRE

Le commerce de Modeste DEBRIXE est connu à Gonesse depuis la première Guerre mondiale
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)
Vestige actuel de l’entrée de la ferme Saint-Christophe devant laquelle a été fusillé Monsieur DEBRIXE. Les impacts de balles sont encore visibles aujourd’hui >
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)




Il n’est pas mentionné dans son acte de décès que Modeste Camille DEBUE dit DEBRIXE a été fusillé. Il n’est pas question de fâché l’occupant. Heureusement plusieurs témoignages viendront expliquer les faits qui se sont déroulés en ce 15 juin 1940.
Crédits : © Archives et Patrimoine de Gonesse (2024)
La vie quotidienne des Gonessiens

Le centre-ville de Gonesse avec ses nombreux commerces aux débuts des années 1940
Crédits : © Ludovic Muller
Témoignages

Roger THERY
" Mon père considère que son école est aussi importante que sa famille. La responsabilité d’environ 200 enfants l’impose. Il a préparé tout un dispositif pour évacuer les classes le plus rapidement possible, en cas d’attaque aérienne. La mairie distribue les masques à gaz. C’est un véritable instrument de torture d’une laideur cauchemardesque. Dans une boîte en fer ronde, d’un gris mat, on sort cette chose visqueuse, de couleur caca d’oie, sentant le vieux pneu qui se termine à l’avant de la bouche par une boite de conserve dont le fond est truffé de petits trous. Un tas de courroies destinées à serrer la tête et le menton … Une pieuvre ! Lorsqu’on porte le masque, l’air ne doit pas passer sur les côtés, le filtre à charbon rend la respiration difficile, il faut inspirer et expirer doucement sinon c’est l’asphyxie, il ne s’agit pas de courir avec cet engin sur la figure. Mon père a exigé de la Mairie la construction de tranchées abris à cinquante mètres de l’école sérieusement étayées et boisées ".
" Nous rencontrions énormément de difficultés pour se nourrir, il y avait toujours des problèmes de ravitaillement. Cette pénurie a contribué au développement du marché noir. Mon père qui ne fumait pas échangeait ses cigarettes contre du sucre, c’était une sorte de troc. Nous avons vécu 4 années de privation, c’était très long, je me demandais quand je retrouverai le gout d’une orange, d’une banane, du chocolat. C’était important pour un gosse et juste après la guerre je me souviens d’avoir fait une surprise parti avec tous les jeunes du secteur pour un tout petit morceau de brioche ".
" Le jeudi je travaillais chez M et Mme ALRIC, le marchand de vins en faisant des livraisons. Avec eux j’avais de la chance pour obtenir du vin mais ma famille avait faim. On allait dans les champs prendre des patates la nuit et dès fois on avait peur les uns des autres car je n’étais pas seul. Puis un jour, la police a arrêté un gros camion de patates en sortant du cinéma, j’ai attendu que ça se passe puis j’ai pris un sac et j’ai ramassé les patates. J’en ai eu 4 sacs pour ma famille sauf que le lendemain il y a eu une perquisition … Plus de patates… ".

André BERNARD